Mamma Erasmus

Une idée née d'une frustration personnelle

Diplômée en droit à l'université La Sapienza de Rome, Sofia Corradi obtint une bourse Fulbright qui lui permit d'étudier le droit comparé à l'Université Columbia de New York. À son retour en Italie en 1958, ses diplômes américains furent refusés par son université, qui l'obligea à repasser des examens. Elle comprit alors l'importance d'un système européen d'équivalences universitaires pour permettre à d'autres étudiants de ne pas subir le même obstacle.

De l'idée à la politique publique européenne

À partir de 1969, elle élabora un mémoire de travail qu'elle soumit au ministère italien de l'Éducation et à la Conférence des recteurs d'universités. Pendant près de deux décennies, elle fit campagne au sein des institutions européennes pour promouvoir la mobilité étudiante et convaincre les décideurs politiques des bénéfices humains et culturels de ces échanges.
Son projet prit vie en 1987 quand la Communauté européenne lança le programme ERASMUS, aujourd'hui un pilier de la citoyenneté européenne avec plus de 16 millions d'étudiants participants.

Un héritage humaniste et pacifiste

Sofia Corradi décrivait son œuvre comme une « mission pacifiste personnelle », née pendant la guerre froide. Convaincue que la rencontre entre jeunes Européens formerait une génération de citoyens ouverts et solidaires, elle voyait dans chaque échange universitaire une pierre posée à la construction de la paix.
Jusqu'à sa retraite en 2004, elle dirigea le Laboratoire d'Éducation Permanente à l'Université Roma Tre et forma des générations d'enseignants. Elle reçut de nombreuses distinctions européennes, dont le Prix Charles-Quint en 2016 pour sa contribution exceptionnelle à l'unité européenne.

Décès et postérité

Sofia Corradi est décédée à Rome le 18 octobre 2025 à l'âge de 91 ans. Son héritage vit à travers les millions d'étudiants ayant vécu l'expérience Erasmus, devenue un symbole d'ouverture, de paix et de fraternité européenne.